Je n’ai jamais fait de sortie en montagne en hiver. Et je n’ai jamais fait de raquettes. Alors pourquoi ne pas partir seul, en raquettes, pour passer une nuit en montagne ? Des fois, Mel doit se dire que j’ai vraiment des idées à la c** ! 😉
On est fin avril… Voilà des mois que l’envie de retourner en montagne me démange. Et le mois de mai s’annonce compliqué professionnellement… Le timing n’est pas idéal, mais je saisis la seule opportunité que j’ai pour une sortie dans la neige ! C’est maintenant ou jamais (ou du moins pas avant l’année prochaine) !
Pour limiter les risques, et aussi pour la sérénité de Mel, je m’oriente vers un endroit que je connais.
Or, 2 jours plus tôt, les nouveaux gardiens du refuge de Plan du Lac m’ont contacté pour me proposer d’exposer cet été au refuge. Du coup, la sortie est toute trouvée : c’est l’occasion de compléter mon portfolio de la Vanoise !
J’arrive à Termignon sur les coups de midi. La première partie de la route qui mène à Plan du Lac est bien rouverte, mais il reste encore du chemin à faire à pied avant d’atteindre le parking de Bellecombe qui sert de départ en été…
Et pour cause, les premiers kilomètres sont non seulement pleins de neige, mais aussi de cailloux drainés par des mini-avalanches.
Après 2h de marche, j’enfile pour la première fois de ma vie des raquettes ! La couche de neige est devenue trop épaisse, et ça ne va pas s’améliorer. Je change malheureusement aussi d’objectif, passant sur le grand angle. « Malheureusement » car à peine 50m plus loin, j’aperçois mon premier renard ! Il m’a bien sûr vu depuis longtemps et s’éloigne rapidement. Décidé à revenir avec une belle photo de renard, je rechange d’objectif et je m’écarte un peu du chemin. Le renard réapparait alors à 20m de moi et s’enfuie en courant ! Et forcément, je n’étais toujours pas prêt 🙂
Je me maudis, mais il finit par réapparaître au loin. Trop loin pour de vraies photos malgré mon 600mm, mais assez proche pour l’observer le sourire aux lèvres pendant 10 minutes.
Je reviens sur le chemin et je me rends compte qu’il n’y a plus que mes traces dans la neige… Je ne pensais pas qu’il y aurait foule, mais de là à être le seul à monter au refuge…
Ma progression est lente. Peut-être parce que je ne suis pas habitué aux raquettes ou que je ne suis pas en forme. Peut-être parce que mon sac est bien trop lourd (première sortie sous la neige, j’ai sûrement emmené beaucoup trop de choses). Peut-être aussi parce que certaines parties du sentier sont en fort dévers et qu’il me faut par moment creuser une marche à chaque pas pour ne pas glisser…
J’arrive au parking de Bellecombe à 16h. Seul le haut des panneaux dépasse de la neige, il en reste une sacrée couche ! Je continue ma progression lente, les passages compliqués se succèdent et le vent forcit. Arrivé au plateau, il n’y a toujours aucune trace et je ne distingue pas les contours du lac… Heureusement, il y a des piquets pour indiquer le bord de la route d’été.
J’atteins enfin le refuge, en faisant des détours pour laisser des étendues de neige vierges de traces pour les photos 🙂
Je vérifie qu’il y a tout ce qu’il me faut pour passer une bonne nuit ici. Puis je repars pour un repérage et en espérant voir une hermine ou des chamois. Je n’aurais pas cette chance. Malgré tout, le coin est toujours aussi beau et je profite de ces instants de sérénité.
De retour au refuge, il est temps de faire un petit feu pour se réchauffer et de diner. Fatigué, j’attends quand même la nuit qui tarde à tomber complètement. Pas de lune, pas de voie lactée non plus, mais un ciel hyper clair. Parfait pour un peu de lightpainting sous les étoiles !
Le silence est hallucinant, et j’observe le ballet des avions dans le ciel pendant les longs temps de pose. Et hop, une étoile filante…
Seul au milieu de toutes ces montagnes, je me prends finalement à me demander s’il y a des loups en Vanoise ? et s’ils sont friands de photographes isolés qui courent dans tous les sens avec une lampe de poche 🙂
Le lendemain, réveil difficile à 5h40… Je traine et mets le nez dehors un peu en retard par rapport à ce que j’avais prévu.
S’il y avait des animaux dans le coin, ils ont du bien rigoler en me voyant courir comme un idiot dans la neige, suivant mes traces de la veille (celle de mon tour de repérage, qui ont d’ailleurs quasiment disparu par endroits) et jetant des coups d’oeil réguliers par-dessus mon épaule ! La lumière arrive, et je me maudis encore, en priant pour que les premiers rayons attendent encore quelques minutes !
J’arrive juste à temps aux flaques que j’ai repérées la veille. Liquides hier, elles sont bien gelées ce matin ! Je n’ai pas froid, mais de retour au refuge je remarquerais que l’eau dans mon sac est également gelée ! Il ne devait quand même pas faire bien chaud…
Mais dans l’excitation de ce lever de soleil, je n’ai rien senti. Ces moments sont tellement précieux qu’ils me font rapidement oublier la courte nuit.
Retour au refuge vers 7h, petit-déjeuner, rangement du sac, et je suis sur le chemin du retour ! C’est plus facile dans ce sens là 🙂 Surtout qu’il y a de nombreuses traces d’animaux qui suivent les miennes, ce qui m’amuse énormément.
Dans la descente, je croise 2 renards, des tonnes de chamois et des marmottes que je trouve bien grasses pour une fin d’hivers !
Malheureusement, tous m’ont repéré bien avant que je ne les voies 🙂 Pas de photo fantastique ramenée… mais de belles observations !
Avec tout ça, je suis en retard et je presse le pas. Et à force de marcher vite le nez en l’air pour observer les chamois, ce qui devait arriver (Mel me le dit à chaque fois :)) arriva…
Glissade sur une plaque de verglas, appareil à la main ! Réception sur les fesses et mon premier réflexe est de regarder l’état de mon reflex (ok, le jeu de mot était facile :)). J’ai senti qu’il a tapé et j’ai peur… mais heureusement, seul le pare-soleil de l’objectif a mangé ! Il est fêlé, mais rien de grave : ouf !
J’arrive à la voiture à 11h et je repars vers Lyon.
J’ai du travail qui m’attend avant de récupérer mes cousins à la gare ce soir… pour partir skier à Tignes, juste de l’autre côté de la Grande Casse que je viens de quitter ! Quand je vous disais en début d’article que le timing était serré 🙂
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